Albert Kimmerling : les débuts
Les débuts d’aviateur
En octobre 1909, Albert Kimmerling débute à Mourmelon, comme élève-pilote,
dans l’école créée par ses compatriotes Gabriel et Charles Voisin
Premier vol : 2 km !
Le 20 novembre 1909 est un grand jour. Le jeune pilote vient d’effectuer deux kilomètres dans des « conditions de correction parfaite » ! Albert envoie un
télégramme à la famille, la presse lyonnaise se saisit immédiatement de l’information ! C’est le début d’une grande aventure pour le jeune Kimmerling.
Départ pour l’Afrique du Sud
Le 27 novembre 1909, le jeune élève embarque sur un bateau de la compagnie Union Castle Line, le « Kenilworth Castle », avec le mécanicien Moller et un prototype biplan.
Albert Kimmerling : l’Africain
Voyage vers l’Afrique du Sud
Même si Kimmerling ne possède pas encore son brevet, son profil est idéal pour le fabricant : ingénieur mécanicien parlant anglais, sportif et intrépide… Il portera au plus haut l’image de la Maison Voisin.
Ce long voyage de presque un mois sera entrecoupé d’une escale à Madère.
Premiers pas en Afrique du Sud
le 14 décembre 1909, après plus de trois semaines de voyage, Albert Kimmerling débarque enfin à East London. Les jours de détente à bord sont immédiatement relayés par des journées de travail. Représentant de la société Espace, il apporte un biplan Voisin. Il faut décharger l’avion et faire rouler les caisses jusqu’aux hangars… gérer les relations publiques.
Voici ce qu’il écrit à sa famille :
« Mercredi 15 décembre : j’ai enfin fait connaissance avec l’Afrique. Merveilleuse impression […] hier matin à quatre heures par un temps merveilleux. Le spectacle était vraiment unique. En arrivant au pays de l’or, j’ai eu cette impression que la vie était vraiment dorée ». Nous sommes descendus et cette arrivée est vraiment curieuse. La ville est très belle.
Figurez-vous une très jolie ville anglaise : grandes maisons basses avec d’immenses vérandas, autos, trams, grands magasins avec une végétation splendide et un soleil ! J’ai déjeuné au Mount Nelson Hotel, l’endroit chic ; un parc qui est une merveille, un confort ultra anglais […]. Sauf les nègres (1), c’est l’Europe. Le soir, je suis allé au théâtre. Troupe excellente, habillement et grands décolletés.
1 – À l’époque des colonies, et donc celle d’Albert Kimmerling, le terme « nègre » faisait partie du langage ordinaire. Il est devenu péjoratif aujourd’hui et n’est plus utilisé.
Albert Kimmerling devient une véritable vedette.
« Le camping est ici le grand sport. Il y a à peu près 400 tentes autour de l’hôtel et sur la plage où logent des familles entières venues de l’intérieur du pays. Un groupe de sportmen désireux de suivre les essais a déjà décidé de faire du camping à côté de moi.
La population ici me considère comme un phénomène […]. Les ? sont en extase et l’autre jour, quand j’ai fait tourner le moteur, j’ai cru que tous mes ? tombaient à genoux.
J’ai des invitations partout. Je suis membre de tous les clubs, entrées libres avec coups de chapeau dans tous les spectacles. Je me demande ce que ce sera après si ça réussit.
Quant aux miss, on m’en présente une moyenne de 5 à l’heure. Elles veulent toutes venir avec moi […]. Il y en a une charmante à l’hôtel avec qui je flirte et je crois qu’elle aura le pompon. Ça va m’en faire des ennemies ! Je voudrais beaucoup vous avoir ici. C’est vraiment si peu de chose ce voyage que ça vaut la peine de le faire au moins une fois.
Un premier envol
Enfin, le 28 décembre 1909, ses efforts et son travail sont récompensés. Kimmerling réussit le premier vol en aéroplane à la Nahoon Racecourse de East London. Il aura volé quelques minutes à 6 mètres d’altitude, mais cela aura suffi pour faire de Kimmerling le premier aviateur « africain ».
Mission réussie
Les semaines passent, Albert Kimmerling mène toutes les opérations de front : aspects techniques liés aux vols, image commerciale de l’entreprise, organisation des meetings…
Le 8 janvier 1910, il informe sa mère que tout avait bien marché jusque-là, mais qu’il a eu un petit accident d’hélice. N’en ayant pas de rechange, il décide de partir à Johannesburg où il continuera ses essais. Il se fatigue des honneurs…
Le 26 février 1910, malgré une météo capricieuse, Albert Kimmerling réussit son vol.
« Tout cela pour arriver mercredi dernier, le jour où je devais voler, à une journée de pluie qui n’a rien à envier à Lyon. J’ai tout recommencé, et hier temps splendide le matin, et à 2 heures, orage épouvantable… malgré cela, j’ai pu accomplir mon vol officiel en présence de 2 000 personnes. »
« Quant au succès, je le tiens. […] Je t’assure mon cher P’pa que si tu t’es plaint parfois que je ne portais pas bien ton nom, que ce nom maintenant est porté haut et bien, que sa réputation soit comme sportman soit comme gentleman est impeccable et que tu peux être fier de moi, et j’en suis heureux au-delà de ce que je peux exprimer.»
Le 19 mars 1910, Albert Kimmerling réalise son plus long vol sur environ 4 kilomètres et transporte même un passager.
Fort de ce succès, Albert Kimmerling part pour Durban pour une quinzaine de jours après un passage à Prétoria. Ce sera pour lui l’occasion de visiter un peu plus le pays. Ce voyage lui fait expérimenter le camping :
« On fait la popote, du maïs grillé, des conserves et des fruits. On dort par terre, roulé dans une couverture avec les nègres qui surveillent le feu en chantant. C’est pas ordinaire, et vraiment des souvenirs […]. J’ai tiré mes premiers serpents. Deux dans la même journée. […] Je devais aller pêcher la baleine […], malheureusement le temps me manque. Comme autres distractions, je rentre dimanche à Prétoria et comme je n’aurai rien à faire avant le 20 courant, je vais partir à la chasse […] au buffle et à l’antilope.»
Son avion sera surnommé par la presse sud-africaine « Flying matchbox », ce qui signifie « boîte d’allumettes volante » et à regarder les photos, la comparaison se justifie !
Le 30 avril, Albert Kimmerling effectue à Durban un vol de 19 kilomètres en s’élevant à une hauteur de 40 mètres. Après plusieurs infortunes avec son aéroplane et un accident survenu le 15 mai 1910 duquel il sort indemne, Albert Kimmerling décide de quitter l’Afrique du Sud. Son périple aura duré près de six mois.
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