La place de Montceau

Un village – une rue

En France, les villages possèdent généralement un cœur de vie, une place « centrale » où se concentrent les lieux de vie. Montceau possède aussi sa place publique, même si à Montceau, mairie, école, église… sont plutôt sur une « rue centrale »

Aujourd’hui, nous aimerions vous faire découvrir les « moments » de vie qu’a connus cette place.

Est-elle toujours le cœur du village ?

Il faut une place !

Vous passez tous les jours ou presque sur cette place traversée par la route départementale 54b autrefois appelée Chemin N°1 ou chemin de Bourgoin et de Rochetoirin…

L’augmentation de la circulation, autrefois un atout pour la commune, est devenue telle que la place ne remplit plus son rôle de lien social… Il a même été nécessaire de construire un parking devant la nouvelle école…

Un village – une place

Il n’en a pas toujours été ainsi… Je vous invite à mieux connaître cette place du 8 mai 1945.

Il nous faut pour cela remonter aux débuts du XIX° siècle ! La place est alors dite : Place de la croix de pierre…

C’est dans les archives communales que nous avons retrouvé les registres de délibérations des conseils municipaux de l’époque…

Cartes postales anciennes : La place de Montceau

La place au fil du temps…

Partie N° 1 : Une place trop petite !

Nous trouvons pour la première fois mention d’une place à Montceau dans un compte rendu du conseil en 1834.
Voyez ce texte consigné dans les registres des délibérations du conseil municipal de Montceaux (si si avec un x !!) de 1834…


Il faut une véritable place pour Montceaux !

« Du 31 mars 1834 sur les sept heures du matin dans la maison commune de Montceaux, le conseil municipal de la ditte commune duement autorisé convoqué par M. le Maire ; le Sieur Enay a été désigné pour faire fonction de secrétaire.
Le bureau ainsi formé M. la Maire a fait part au conseil de l’objet de sa convocation et lui a ensuite fait donner lecture par le secrétaire d’une promesse de vente faite par le Sieur Engelin GARNIER * par laquelle il dit et promet de passer vente publique à M. le Maire au nom et au profit de la commune d’une contenance de deux ares cinquante centiares ou soixante toises ancienne mesure toise delphinale situé à Montceaux Mas du Gattu faisant partie de la section A N° 399 du plan du cadastre.
Le Conseil Municipal vu l’exposé de M. le Maire considérant que n’ayant point dans la commune de place suffisante pour l’utilité de la commune arrête à l’unanimité :
que M. le Maire de la commune de Montceaux est autorisé à remplir les formalités nécessaires pour être ensuite adressées aux autorités supérieures à l’effet d’obtenir également l’autorisation d’acquérir au nom et au profit de la ditte  commune la contenance de deux ares cinquante centiares de terrain pour servir de place publique à la commune de Montceaux à perpétuité.
Le payement de cette acquisition est de trois cent quatre vingt six francs  être fait 1° par une somme de cent quatre vingts francs par Monsieur le Marquis DUVIVIER et le surplus par la commune de Montceaux. »
* Angelin GARNIER était l’arrière-arrière-grand-père de Simone GARNIER, la copine de Guy LUX

Partie N° 2 : Un puits sur la place

Il n’y a pas d’eau dans le cœur du village de Montceau… Il faut aller chercher l’eau à la source de Récollaine*.

L’accès à l’eau étant difficile, la décision de creuser un puits est prise en 1832. C’est le maire, Joseph DESPORTES (maire depuis 1831) qui explique aux membres du Conseil Municipal pourquoi il est nécessaire de déplacer la croix de pierre située sur la place du même nom pour y creuser un puits…
Nous verrons que le choix de cet emplacement judicieux au carrefour de plusieurs chemins va contribuer à faire un « centre village »…

 

Suite du Conseil Municipal :

 » L’éloignement de la fontaine publique de cette commune ditte Recollaine* est en très mauvais état et encore par le chemin qui va y aboutir est presque impraticable en tous temps de l’année doit nous faire prendre des mesures à faire cesser cette gêne et pour cela j’estime que soit creusé un puits sur la place ditte la croix de pierre en faisant déplacer cette croix .
Par la suite, la commune peut demander l’autorisation de s’imposer extraordinairement pour faire face à cette dépense… « 
* Il y a toujours chemin de Recalaine la source et les restes d’un lavoir…

Partie N° 3 Une foire sur la place !

Le village disposera bientôt d’un puits sur la place. Suite à l’approbation de cette construction par  les conseillers, le maire poursuit la réunion du CM avec l’idée d’y implanter une foire…

 » Messieurs, la rareté du commerce qui se fait difficilement depuis de longues années dans notre commune, (qui) également nuit aux propriétaires et aux journaliers, me fait chercher le moyen de faire cesser une gêne qui met un obstacle très fâcheux au progrès de l’agriculture.
Le seul moyen d’attirer la circulation est de fixer pour nous les capitaux nécessaires à l’exploitation de notre territoire et d’animer le commerce et de faciliter la vente des denrées et des bestiaux.
Pour produire cet effet, l’établissement d’une foire est absolument nécessaire et elle doit être fixée à l’époque où le besoin d’argent se fait le plus sentir, où les propriétaires sont presque sans moyens de faire les dépenses les plus utiles et de payer leur contribution…
J’estime que cette foire peut-être avantageusement fixée au vingt-huit juillet. »

Le maire, Joseph Desportes décide, pour des raisons économiques, de la fixer au 28 juillet…

En 2023, notre foire de la Sainte Anne aura donc 190 ans !!!

Partie N° 4 : Une place... pour la citoyenneté...

C’est en septembre 1919 que le Conseil Municipal de Montceau sous la présidence de M. Blanchin, maire, approuve la décision de faire édifier un monument aux enfants de la commune morts à la guerre.

Placés au bord d’un carrefour, le monument et son enclos sont surélevés par un socle maçonné haut d’un mètre soixante, protégé au niveau du sol par des obus boute-roues.
source CG38

Retrouvez le dossier sur le monument aux morts dans l’onglet « Patrimoine » du site des GODAS

 Archives de Montceau du 31 mars 1834.
Le Conseil municipal, considérant que le village n’ayant point de place, autorise l’achat d’un terrain de plus de 2 ares…

 Archives de Montceau du 31 mars 1834.

Vous avez bien lu, le Marquis Du Vivier, riche propriétaire (il possède notamment le château de Cuirieu à Saint-Jean-de-Soudain et le château situé à côté de l’étang Dardes), offre de payer en partie le prix de cette place..

Le puits avant et maintenant. Ce puits de forme circulaire présente une margelle en pierre, laissée visible au-dessus du cylindre enduit émergeant à peine du sol. Elle est surmontée d’une superstructure en métal chantournée soutenant la poulie, encore dotée de son volant et de sa manivelle.
source CG 38

 

Voici donc en quelques années une profonde modification du paysage, le puits est creusé, la place agrandie, la croix de pierre déplacée contre le mur d’une maison… Cette croix est toujours visible même si depuis la maison a été démolie.

photo inauguration

Inauguration du monument en 1922.

Cérémonie 11 novembre

 Archives AD 38 cadastre Montceau

Plan de la place de Montceau sur le cadastre napoléonien 1838. La place occupe la parcelle 399.

les Godas ont édité un livre de 100 pages sur la place de Montceau, le monument aux morts… hélas épuisé à la vente, mais que vous pouvez consulter à la médiathèque de Ruy-Montceau.